Le pasteur

On est plus habitués à rencontrer des prêtres plutôt que des pasteurs.

Afin de vous présenter en détail ce qui fait la caractéristique d’un pasteur d’une église Réformée, le pasteur Patrick Chong, (qui fut le pasteur de notre paroisse jusqu’en juillet 2006), a bien voulu répondre à plusieurs questions.

Comment devient-on Pasteur ?

On est pasteur avant tout par vocation.

Calvin, fondateur de la Réforme en France aimait à dire que le ministère pastoral s’explique par deux raisons :

  • la vocation interne : Dieu appelle à son service et tel individu y répond,
  • la vocation externe : il faut que cet appel s’exerce quelque part et qu’il y ait une reconnaissance d’une communauté, d’où une formation.

En général un pasteur se forme sur 5 années à la faculté de théologie : 3 ans pour une licence puis 2 pour une maîtrise.

Pendant ses études, l’étudiant en théologie est formé aux langues bibliques (l’hébreu pour l’Ancien Testament et le grec pour le Nouveau Testament). Cet enseignement est important puisque pour les protestants la Bible est le fondement de la foi. L’étudiant va suivre aussi plusieurs autres cours.

Quand l’étudiant obtient sa maîtrise en théologie, eh bien il n’est pas encore pasteur !

Il doit d’abord être « proposant » dans une église pendant 2 ans (chez les catholiques, on appelle cette période « le noviciat »). Il est parrainé par un pasteur confirmé.

C’est une chose que d’apprendre la Bible, c’en est une autre que d’officier, présider un enterrement, un mariage ou un baptême.

Il y a là toute une formation que l’on reçoit en partie à la faculté de théologie puisque l’on a des cours d’homilétique (homileos = homélie) donc de prédication. Mais il faut bien une formation sur le tas.

Après ces 2 années-là, le « proposant » peut être reconnu par la commission des ministères de l’Eglise Réformée de France. S’il est reconnu, il devient pasteur titulaire d’une paroisse.

Voilà comment ça se passe.

Un pasteur est avant tout un théologien

Avant la Réforme, la théologie n’était pas sur la place publique, et depuis elle est rendue accessible au plus grand nombre.

Quand Calvin a organisé la Réforme, il a défini trois ou quatre ministères particuliers. Dans sa perspective, le pasteur est celui qui peut dispenser la connaissance biblique de par sa formation.

Je rappelle que dans les Actes des Apôtres, l’église primitive croissait à partir de quatre données. « Ils persévéraient dans la prière, la fraction du pain, la communion fraternelle et l’enseignement des Apôtres » (Actes 2, v.42).

Les autres ministères peuvent être laissés à d’autres (diacres, entraide, évangélistes …). Au XVI° siècle la Bible était peu répandue dans les langues locales

Il est quand même intéressant de noter que Luther a été le premier à traduire la Bible en allemand et que sa traduction est à l’origine de la formation de cette langue.

Quand on parle de pasteur on parle aussi de prédicateur

La Bible est au centre du culte, c’est pourquoi la prédication en est son élément principal, même si la Sainte Cène (Eucharistie) est pratiquée tous les dimanches.

D’ailleurs dans les anciens Temples, comme celui de Lyon, qui datent de la Réforme, la chaire est au centre de l’édifice pour montrer que la Parole de Dieu est essentielle. On le voit moins aujourd’hui dans les Temples modernes comme le nôtre.

La fonction première du pasteur est bien de prêcher, transmettant l’enseignement biblique.

Le pasteur est constamment sollicité …

… pour dire Dieu aujourd’hui à des gens de plus en plus divers et exigeants. Il faut que le pasteur soit partout. Comment le laïc peut-il apporter de l’aide au pasteur ?

Dans l’église chrétienne protestante, il est clair qu’il n’est pas question que le pasteur soit un homme différent des autres. Le pasteur est un homme qui a un ministère particulier certes, puisqu’il a comme vocation première de dispenser la Parole de Dieu, mais il partage la vie sociale de tous ceux qui vivent dans son église.

Le fait qu’un pasteur puisse se marier (seuls environ 10% des pasteurs souhaitent rester célibataires) est très important. Cela montre qu’il n’est pas coupé socialement de sa communauté.

Pouvez-nous dire un mot sur le Conseil presbytéral ?

Le Conseil presbytéral réunit des hommes et des femmes associés dans une responsabilité qui leur a été confiée. C’est un lieu d’écoute et de partage pour animer la vie de la communauté.

Les caractéristiques du Conseil presbytéral comme ministère sont exprimées dans les engagements que prennent les conseillers lors de la liturgie de reconnaissance : « Vous serez responsables de vos frères et de vos sœurs… Vous serez vigilants dans la prière, persévérants dans l’écoute de la Parole, fidèles au repas du Seigneur, assidus aux assemblées de l’Eglise… »

C’est dire que pour accomplir au mieux leur mission les conseillers presbytéraux chercheront à connaître leur Eglise, et la manière dont elle vit. Ils seront attentifs au monde qui les entoure, en vue d’assurer l’actualité du message évangélique annoncé par la communauté. C’est une lourde tâche qui n’est possible qu’enracinée dans des convictions théologiques, l’amour de l’Eglise, une vie spirituelle personnelle et communautaire, nourrie de la Parole et portée par la prière.

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